« Notre grande dépression, c’est nos vies » T. Durden, Fight Club
Introduction
Si la névrose a été le mal du début XXème, le traumatisme celui du milieu du siècle en raison des guerres successives, force est de constater ; bien que les précédentes affections n’aient pas disparues pour autant ; que la dépression est devenue « le mal du siècle » selon la formule du sociologue A.Erhenberg.
L’article précisera ainsi les spécificités de ce trouble ainsi que la manière de s’en rétablir progressivement.
La dépression

La dépression est un syndrome dont les principaux symptômes sont la tristesse permanente et le ralentissement psycho-moteur.
D’autres symptômes peuvent s’ajouter : l’anhédonie, la perte d’énergie et d’élan vital, la perte de sommeil ou son contraire l’hypersomnie voire la clinophilie, idem pour l’alimentation, l’incurie, etc…
Son intensité et sa gravité dépendent des répercussions qu’elle peut avoir sur la vie personnelle et professionnelle de l’individu en souffrant.
Dans ses formes graves, il peut y avoir des tentatives suicidaires voire des suicides aboutis.
En France, une personne sur 5 souffre ou a souffert de dépression au cours de son existence.
La dépression n’est cependant pas à confondre avec la déprime ou le blues. C’est la persistance dans le temps qui signe l’installation de la maladie.
Ainsi, il peut être pertinent de consulter à titre de prévention lorsqu’on constate la présence de certaines des difficultés mentionnées et de demander de l’aide.
Le diagnostic doit cependant être effectué pour un professionnel compétent (médecin, psychiatre et psychologue) mais certains questionnaires permettent d’obtenir des éclairages (l’échelle de Beck par exemple) pouvant légitimer la présence de certains signes inquiétants.
Les causes de la dépression
Bien que les causes prises isolément ne suffisent pas à déclencher un épisode dépressif, c’est leur accumulation qui aggrave l’arrivée d’une période dépressive.
Les causes peuvent être collectives en raison des blessures narcissiques spécifiques à une époque: chômage, précarité, célibat, baisse de la natalité, inquiétude sur l’avenir, etc…
Bien que ces blessures n’aient pas d’atteinte physique directe, elles peuvent avoir des conséquences quasi-similaires symboliquement sur la psyché.
Au niveau individuel, les raisons récurrentes sont les confrontations à la perte d’un objet d’amour qu’il soit concret ou abstrait: décès d’un proche, séparation, licenciement, etc…
Les confrontations à des traumatismes ainsi que les déceptions personnelles (échec à un examen, perte de sens dans l’existence, etc..) voire le stress peuvent également être tenu en considération dans l’apparition du trouble.
Ces évènements subis peuvent ainsi déclencher des mécanismes psychiques causant la dépression.
Notre culture impose également une demande impossible, exigeant d’être heureux : « tout va bien », « le bonheur est un choix ». C’est sans doute bien intentionné, mais on perçoit que la persistance de ce discours est corrélée paradoxalement avec la hausse de l’apparition du trouble : « L’enfer est pavée de bonnes intentions ».
Enfin, la maladresse voire le mépris des proches que peuvent entendre les personnes souffrant de dépression : « mais remue-toi », « tu as tout pour être heureux », « tu n’es pas le plus à plaindre », « quand on veut, on peut » intensifie la douleur déjà présente car non reconnue et aggrave la souffrance initialement ressentie.
De fait, il peut ainsi devenir pertinent de se confier à un professionnel de santé compétent lorsque le soutien des proches ne suffit plus à surmonter l’épreuve.
Comment se rétablir progressivement de la dépression ?

Je n’aurais pas la prétention de résumer les différentes manières de guérir d’une dépression mais tout du moins d’inciter votre réflexion. Je reste cependant persuadé qu’il est tout à fait possible de se rétablir avec un accompagnement adapté et sérieux.
–Rencontrer son médecin est un début, pouvant vous prescrire dans les premiers temps un traitement afin d’atténuer l’intensité des symptômes dont vous souffrez et de vous aider à remettre le pied à l’étrier.
Parfois, un suivi régulier avec un psychiatre peut s’avérer nécessaire que ce soit en Centre Médico-Psychologique (CMP) ou en libéral.
–Un suivi psychothérapeutique conjoint peut s’avérer pertinent pour plusieurs raisons : afin de ne plus supporter seul vos peines et vos afflictions. Ensuite pour élaborer les frustrations, les déceptions et les traumatismes de votre existence. Enfin, pour mieux prendre conscience des processus déclenchées, comprendre votre fonctionnement singulier et ainsi de surmonter progressivement cette période d’adversité en vous acceptant.
L’aisance et une relation de confiance demeurent essentielles peu importe la méthode du psychologue.
-Parfois, certaines lignes téléphoniques peuvent vous apporter une aide lors de crises suicidaires comme le 3114 la ligne de la prévention du suicide.
-Au niveau individuel, certaines personnes dépressives refusent de l’aide car elles s’estiment inconsciemment indigne d’être aidés ou s’interdisent rigidement des plaisirs simples rajoutant ainsi de l’huile sur le feu.
–Renouer progressivement avec certaines activités et selon votre rythme contribuera à vous changer les idées et à vous rétablir: culturelle (lecture, film, écriture), sportive (la marche peut être un début), manuelle (le jardinage, le bricolage) et sociales en renouant avec ses proches en effectuant des activités simples comme simplement aller prendre un café.
Conclusion
La dépression est ainsi un trouble avec ses manifestations spécifiques, étant un motif de consultation de nombreux patients dont il est possible de se rétablir progressivement à travers une aide et un soutien adapté ainsi qu’à votre rythme.
Au niveau psychologique, une relation psychothérapeutique de qualité est cependant essentielle afin de se rétablir, elle prime sur la méthode employée.

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